Journalistes français
en Inde

Anne Chatterjee vit depuis sept ans en Inde. Elle est correspondante du journal La Croix depuis quatre ans.. D'abord installée à New Delhi, elle est partie à Bombay en 1995. Elle est la seule journaliste française en poste dans cette ville.
Anne Chatterjee,
correspondante de La Croix en Inde

- Comment êtes-vous devenu journaliste ?
- J'ai un parcours universitaire. Etudiante à Science-Po Paris, je faisais en parallèle une formation linguistique (allemand, hindi, ourdou). Je suis partie en Inde pour mon DEA sur les politiques de développement. J'ai ensuite commencé ma thèse à New Delhi. A l'époque, La Croix cherchait un correspondant en Inde. Le journal s'est adressé à Science-Po, au département spécialisé sur l'Inde. C'était au moment où le Congrès (ndlr : l'un des principaux partis politiques indiens) basculait. Ils recherchaient quelqu'un qui puisse faire de l'analyse politique. Ils m'ont contactée.

- Vous n'écrivez que pour la Croix ?
- Ma situation est particulière. Je termine actuellement ma thèse, qui traite du système fédéral indien. Je ne suis pas encore pigiste à temps complet. Mais j'écris aussi pour des revues spécialisées comme Hérodote, Larousse, L'Etat du Monde, Cultures et Conflits...

- Pourquoi cet intérêt particulier pour l'Inde ?
- Mon parcours est peut-être un peu atypique. J'ai une attirance intellectuelle pour ce pays. Les aspects culturels et sociaux m'intéressent. Très vite, j'ai basculé dans les aspects politiques.

- Pourquoi vous être installée à Bombay alors que tous les autres correspondants sont à New Delhi ?
- Je suis restée six ans à New Delhi. Je suis mariée à un haut fonctionnaire indien. Il a été muté. Je l'ai suivi. A New Delhi, je traitais surtout des problèmes politiques. Ici, je fais plus de social et d'économie. Et puis j'ai de la chance : La Croix est moins centrée sur l'actualité chaude que les autres journaux. Ils demandent plus de réflexion dans leurs articles.

- Comment trouvez-vous vos informations ?
- Je suis en contact avec les agences de presse indiennes. Et j'ai surtout mon carnet d'adresses personnel.

- Vous parlez l'hindi et l'ourdou.
- C'est un gros avantage. Pour des articles sensibles, c'est toujours bien de commencer l'interview dans la langue. Les gens apprécient. Mais je ne dis pas toujours que je comprends. Cela me permets parfois d'écouter les gens discuter entre eux ! Je promets que je ne le fais pas trop souvent !!

- Quelles sont vos relations avec La Croix ?
- Ils m'appellent et me donnent une liste de sujets qui les intéressent. Moi, je donne les miens. On s'appelle toutes les semaines et on fait le point. Ensuite, je fais mon papier. Je le dicte par téléphone à la sténo. Avant, j'envoyais par fax. Mais ils préfèrent finalement le saisir directement.

- Vous partez souvent en reportage ?
- Dans le cas de grosses catastrophes, le journal m'envoie sur place. Je me déplace aussi au moment des élections.

- Vous pourriez vivre de vos piges ?
- Ce métier fait rêver beaucoup de gens. Mais à part les correspondants du Monde, personne n'est vraiment bien payé. En plus, lorsque l'on est dans un pays comme l'Inde, qui n'est pas très important vu de France, ce n'est vraiment pas évident.

- Votre meilleur souvenir ?
- En 1993, je suis partie en pleine nuit couvrir un tremblement de terre. J'étais toute seule, avec mon chauffeur. On a réussi à entrer dans la zone avec l'armée. Quand je suis arrivée, des médecins lorrains tentait d'expliquer devant des caméras indiennes, dans un anglais déplorable, comment ils sauvaient les gens. C'était un moment étrange : on s'est retrouvé entre Français, au beau milieu des maisons écroulées.

- Votre pire souvenir ?
- J'ai quelques mauvais souvenirs. Au début, j'envoyais mes papiers par fax. Je n'avais rien, juste une machine à écrire, avec un clavier anglais. Des amis me laissaient utiliser un fax local. C'était épique ! Plus sérieusement, il y a tout ce que l'on ne peut imaginer depuis la France : les difficultés techniques et la bureaucratie.

- Pouvez-vous nous résumer l'Inde en deux phrases ou en trois adjectifs ?
- (Elle sourit). « L'unité dans la diversité » : c'est la phrase qui clôt tous les discours politiques indiens !


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