Journalistes français
au Laos

Michel Huteau a 60 ans et plusieurs dizaines d'années de reportages derrière lui. En 1989, il fut le premier photographe occidental autorisé à travailler sur le Laos. D'origine bordelaise, il habite depuis une partie de l'année à Vientiane. Michel Huteau a accepté de répondre à nos questions mais il n'aime vraiment pas se raconter. Ce sont encore ses livres de photos qui parlent le plus de lui. Et des autres.

 

Michel Huteau,
Photographe indépendant basé à Vientiane.

- Comment êtes-vous devenu photographe ?
- J'ai envie de dire naturellement ! J'ai commencé à faire des photos à partir de l'âge de sept ans. J'ai fait toutes mes classes chez un artisan photographe. J'étais apprenti, je suis parti du bas et j'ai tout appris sur le tas, sans diplômes. Je suis ensuite entré à l'Aérospatiale, à Bordeaux. Je faisais de la photo et de la vidéo. Pendant mes congés, je partais à l'étranger faire du reportage. Je suis allé en Afrique, en Asie, ailleurs... Après huit ans, j'ai pris une année sabbatique pour partir. Je ne suis jamais revenu à l'Aérospatiale. J'ai continué à me balader. Définitivement.

- Pour qui travaillez-vous ?
- Au début, je travaillais en direct avec différentes publications. Je me heurtais trop aux rédactions. J'ai finalement choisi une agence qui me plaisait, Ana. J'y suis toujours. Chaque fois que je pars en reportage, je donne mes photos à Ana, qui les vend et m'épargne ainsi la vente en direct. J'ai aussi publié des bouquins de photos. Je fais ce que je ressens. Cela plaît ou ne plaît pas.

- Quels types de reportages faites vous ?
- Ce qui me plaît. Je suis allé en Ethiopie, en Guinée, à Madagascar, en Inde, en Chine, aux Philippines, en Corée du nord, en Colombie, en Bolivie, en Pologne, en Albanie... Un peu partout... Je fais parfois de l'actu, comme la première entrée en convoi à Sarajevo ou la mort du président lao. J'ai aussi travaillé sur les enfants des rues à Bogota, les rebelles en Birmanie... Je fais de tout.

- Ces dernières années, vous avez choisi le Laos. Pourquoi ?
- Je suis basé au Laos, mais je circule dans toute l'Asie du sud-est. Je rentre en France, à Bordeaux, quelques mois par an. Pourquoi le Laos ? J'y suis arrivé en 1989. Je suis resté pour la qualité de la vie, la douceur de vivre, la tranquillité et la gentillesse des gens. Surtout la qualité de vie... J'ai fait un livre : « Le Laos, voyage dans un état d'esprit » aux éditions Anako. Et puis j'ai commencé à faire des cartes postales.

- Avec quel matériel travaillez-vous ?
- J'utilise du vieux matériel Canon et de la diapo. Tout ce qu'il y a de plus simple.

- Y a t-il des difficultés particulières au pays ?
- Je n'ai jamais eu de difficultés. D'autres en ont eu. Quand je suis arrivé dans le pays pour travailler, j'ai expliqué aux autorités que je n'étais pas là pour les descendre. Tout déplacement dans le pays était soumis à autorisation. Ils m'ont pourtant donné un chauffeur et m'ont laissé aller partout. Quand le livre a été publié, certaines photos ne leur ont pas plu. Ils me l'ont dit et ça n'a pas été plus loin.

- Vous parlez le Lao ?
- Je suis réfractaire aux langues. Je communique avec le coeur. Ca suffit.

- Votre meilleur souvenir ?
- Les îles Andaman (ndlr : îles indiennes situées au beau milieu de l'Océan indien). Je me suis pris pour Christophe Colomb. Dans ces îles vivent les derniers primitifs de la planète, les Negritos. Ils refusent tout contact avec l'extérieur. On ne peut essayer de les joindre par voie de terre, sous peine de recevoir des flèches. Il faut y aller par bateau. S'ils veulent bien vous voir, ils viendront à la nage. Ce qui s'est réalisé au bout de trois voyages. Ils sont venus vers nous à la nage et sont montés sur le bateau. Ils ont touché et regardé nos corps, pour voir si l'on était fait pareils. Ca n'a duré que quelques minutes mais c'est mon plus beau souvenir.

- Votre plus mauvais souvenir ?
- Il n'y en a pas. Tout ce que je fais, je le fais par plaisir.

- Vos projets pour la suite ?
- Continuer. De tout façon, je ne sais rien faire d'autre.

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