Pakistan

Islamabad - Le 25 novembre 1996


Trucs pakistanais en stock

Les deux reporters vous livrent comme d'habitude tous les tuyaux qu'ils ont glané pour vous après trente jours passés au Pakistan. Mieux qu'un guide, une suite d'avis partiaux sur le pays. Nous quittons la casquette du journalisme qui se veut objectif, pour celle des Français en voyage, égaux à eux mêmes...

 

Alliances françaises : Contrairement à l'idée répandue, ces centres culturels ne sont pas des points de ralliements pour les Français en voyage mais sont chargés d'assurer le rayonnement de la culture française à l'étranger, avec notamment des cours de langue et des expositions. Le Pakistan est particulièrement bien fourni, avec cinq Alliances sur tout le territoire. En cas de gros cafard, leurs bibliothèques constituent toujours une agréable diversion, avec des journaux et des magazines bien de chez nous. Et puis, qu'aurions nous fait sans Mister Philippe, le directeur de l'Alliance française de Lahore ? Il nous a chouchouté comme pas permis, trouvant même un dentiste pour les quenottes de Matthieu. Mister Bernard, son homologue de Karachi, a aussi été d'une gentillesse incroyable avec nous (voir Plage).
Anniversaire : Que peut-on faire pour fêter ses 25 ans à Quetta ? La question a sérieusement inquiété Guylaine, qui devait préparer une surprise à Matthieu. Pas de bars, pas de discothèques, pas de vieux copains, pas de famille... Un petit dîner dans le « grand » hôtel de Quetta a plutôt bien fait l'affaire. Les serveurs, qui étaient dans la surprise, ont joué le jeu. Sauf quand l'un d'entre-eux, au tout début du repas, est venu demander quand il devrait servir la surprise. Guylaine, qui faisait celle qui ne comprenait pas, a été sévèrement rappelée à l'ordre : «Mais si, vous savez bien, le gros gâteau au chocolat que vous nous avez commandé hier pour Mister Colin». Bien vu.
Argent : Au 1er décembre 1996, un franc équivalait sept roupies pakistanaises. Aucun problème particulier si ce n'est les horaires des grandes banques. American Express ou la Bank of America ferment à 13h00. Pour retirer des roupies à la Bank of America (la seule qui le fasse) avec une carte bleue internationale, mieux vaut se lever de bonne heure, tant les procédures sont longues. Les guichetiers sont particulièrement antipathiques, mais ce n'est qu'un détail. Les traveller's se changent très facilement, dans les banques ou dans des officines privées ouvertes toute la journée et pratiquant les taux officiels. Et un conseil à cent roupies pour ceux qui arrivent d'Iran : changez tous vos rials à la douane. Après, plus personne n'en veut.
Avion : Avis aux trouillards en avion, comme Guylaine. Elle nous a fait la plus grosse panique de sa vie sur le vol PIA (Pakistan International Airlines) Karachi-New Delhi qui avait eu des problèmes de moteurs au décollage. Selon un pilote, cette compagnie est certes peu chère, mais elle reste très sûre. Outre ce témoignage, nous n'avons aucune preuve à l'appui. Reste que les Pakistanais font ça bien : deux minutes de prière obligatoire avant tout décollage. Et un petit message rassurant à l'atterrissage : «Chers passagers, nous atterrirons bientôt. Inch Allah (Si Dieu le veut).» Tout de suite, on se sent mieux.
Circulation : Comme en Iran, les fous du volant peuplent les routes du Pakistan. Ce qui change, c'est qu'on ne se sent en sécurité nul part. On a vraiment peur partout, même en ville. Les rikshaws (des taxis triporteurs particulièrement bon marché) sont de petits dangers ambulants. S'ils se trompent de rue, ils reviennent tout simplement sur leurs pas dans le sens inverse de la circulation. Frissons garantis. Surtout si l'un de ces énormes bus décorés, bondés de passagers jusque sur le toit, vient vous frôler... Colis : Nous n'avons eu aucun problème pour envoyer nos cadeaux de Noël en France. Pour plus de sûreté, prendre le tarif « Avion » qui coûte certes un peu cher (1000 roupies pour un kilo) mais qui est beaucoup plus rapide (une quinzaine de jours). Avant d'amener le colis à la poste, il faut l'emballer dans du tissu et coudre les bords. Les petits tailleurs qui bordent les rues pakistanaises ont l'habitude et prennent 50 roupies pour le tout (tissu et main d'oeuvre).
Dentiste : Notre seule hantise avant le départ : avoir des problèmes de dents. Des voyageurs paternalistes nous avaient d'ailleurs mis en garde : «Tu te vois aller chez le dentiste au fin fond du Pakistan ou de l'Inde ?». Et nous de faire consciencieusement tous nos bilans en juillet dernier. Matthieu nous a quand même fait une rage de dents. Tout au moins le croyait-on. Au bout de trois jours, on se décide à l'emmener chez un dentiste pakistanais, recommandé par l'Alliance française. «Je vous arrache votre dent de sagesse ou je vous charcute juste le bout de peau infectée ?» Préférant la solution définitive, Matthieu s'est fait arraché la dent de sagesse. Cinq minutes chrono : «Vous avez eu de la chance, vous auriez pu avoir très très mal.» Matthieu n'a pas cillé. Guylaine était verte. On a invité le dentiste au restaurant pour fêter ça. C'est un copain. On peut vous donner l'adresse.  
Electricité : La même que chez nous. Presque pareil pour les prises. Avec les coupures régulières de courant en prime. C'est exotique et les soirées aux chandelles ont leur charme. Prévoir donc une lampe de poche ou une réserve de bougies pour tout voyage au Pakistan.
Habits pour les filles : Dans les zones les plus traditionalistes comme Quetta, Guylaine s'est sentie plus à l'aise avec un chalwar camiz (une sorte de pyjama très ample) et un léger voile sur les cheveux. A Islamabad, Karachi ou Lahore, aucun problème : on peut s'habiller à l'occidentale, en faisant tout de même attention. Si l'on ne tient pas particulièrement à se faire peloter par des frustrés, et ils sont nombreux en République islamique du Pakistan, bannir les vêtements moulants ou décolletés. Surprise : les jupes, même très longues et larges, sont considérées comme des vêtements hautement suggestifs. Préférer donc le pantalon. En cas de problème, il suffit de hurler. Un grand coup de sac dans la figure du frustré aide aussi. A n'utiliser qu'en dernier recours, quand la patience et la tolérance ont vraiment atteint leurs dernières limites. Vous verrez, ça vient vite.
Hébergement : Bien que le tourisme soit peu développé au Pakistan, les hôtels sont nombreux. Si l'on souhaite rester dans la catégorie la moins chère (de 50 à 200 roupies la nuit), mieux vaut emporter un « sac à viande » avec soi. Cela permet de ne pas avoir trop de hauts-le-coeur en se glissant dans des draps qui sentent la friture ou le touriste-pas-propre (celui qui vous a précédé dans les mêmes draps). Acheter son papier toilette dans les échoppes de rue, certains hôtels n'étant pas fourni en la matière. Et amener sa serviette de toilette. A noter à ce propos que nous avions trouvé au Vieux Campeur des serviettes ultra-minces et ultra-légères, censées absorber cent fois leur poids et sécher très rapidement. Nous les avons utilisé deux mois avant de renoncer : légères, elles absorbent cependant très mal l'eau, vous laissant transi et mouillé à la sortie de la douche. Préférer une petite serviette classique.
Hospitalité : Une fois encore, nous avons été surpris par l'hospitalité de très nombreux Pakistanais. Les Pathans (une ethnie du nord) ont même élevé ce principe en règle de vie. Nous avons vexé la famille Hakim de Peshawar en refusant, faute de temps, de dîner avec eux. Ils nous avaient déjà invité à déjeuner, nous regardant manger et touchant à peine la dizaine de mets préparés. On a même terriblement aggravé notre cas en refusant de dormir chez eux. Une autre famille, les Ajmal de Lahore, nous a accueilli deux jours chez elle. Nous avons été reçus comme des rois, avec des spécialités préparées en notre honneur à chaque repas, goûter compris. On est reparti les bras chargés de cadeaux. Et trois kilos de plus sur les hanches.
Internet : Pas évident de surfer au Pakistan. Seuls les grandes villes (Islamabad, Karachi et Lahore) sont connectées au Web. Ayant besoin d'un accès e.mail, nous avons du souscrire à un provider pakistanais, Digicom, présent à Peshawar, Islamabad , Karachi et Lahore. Mais à chaque changement de ville, il nous a fallu changer d'adresse e.mail !! Ici, les e.mail traversent le pays par satellite et la technologie se paye : 1 roupie par kilo octet envoyé ou reçu. Pas cher, mais quand il faut envoyer 3 Mo à Paris, ça revient tout de même à plus de 400 francs !!! L'Alliance française de Karachi devrait très bientôt ouvrir un Internet-Café. A surveiller de près.
Loterie : Vous rêvez d'avoir la nationalité américaine ? Allez traîner du côté des postes centrales pakistanaises au mois de novembre. Des dizaines de petits étals de rue vous vendront pour cinq roupies la chance de votre vie : une enveloppe toute préparée qui vous pemet de participer à la grande loterie organisée chaque année par le Département d'immigration américain. Vous remplissez le questionnaire (nom, prénom, âge, profession), vous fermez l'enveloppe et vous la faites timbrer. Vous la glissez dans la boîte et vous n'avez plus qu'à attendre quelques mois. Peut-être deviendrez-vous américain comme quelques milliers d'autres qui auront ainsi été tirés au sort.
Meilleure saison : En novembre et décembre, les températures sont plutôt agréables au Pakistan. Prévoir une petite laine pour les soirées, tout de même un peu frisquettes. Eviter les zones himalayennes et Quetta, vraiment trop froides à cette période (le thermomètre descend bien au-delà de zéro). Le printemps (mars à mai) est aussi particulièrement favorable pour un séjour, selon les expatriés qui vivent sur place. En été (mai à août), les températures s'élèvent jusqu'à 50°C ! Avis aux amateurs.
Nourritures terrestres : Après 25 jours de nourriture iranienne, nous nous sommes rués vers les restaurants chinois et « continentaux ». La cuisine chinoise est souvent délicieuse. La cuisine « continentale » est, disons, approximative... Après quelques tentatives héroïques (pizza-éponge, steack-pourri, glace-chocolat-qui-sent-bizarre) Matthieu a abandonné. Quant à la cuisine pakistanaise, elle ressemble à la cuisine indienne, boeuf en plus, porc en moins, graisse pareil. Faire très attention à l'hygiène et éviter les échoppes de rue. Ne jamais boire d'eau du robinet, se cantonner à l'eau minérale (vérifier que la capsule est bien fermée). Toujours emporter de la nourriture (bananes/pain/eau) pour les voyages en train, toujours très longs mais rarement approvisionnés.
Perdue : Perdre une pellicule photo, ce n'est pas très grave. Mais perdre LA carte mémoire de notre appareil photo numérique au fin fond du Pakistan, en plein reportage sur les enfants au travail, c'est plus gênant. Gênant pour vous, car le carnet de route précédant n'a pas de photos. Gênant pour nous, car nous devons passer une heure à décharger, via un cable capricieux, les quelques photos stockées dans la mémoire de l'appareil. Mais nous recevrons une nouvelle carte mémoire à Bombay. Insch Allah.
Précautions : Le Pakistan est réputé pour ses trafics en tous genres. On peut s'y procurer toutes sortes de drogues (25 roupies pour deux barrettes de haschisch) ou d'armes (2000 roupies pour une kalashnikov, prête à l'usage). Entre ces trafics, les conflits tribaux, les guéguerres entre trafiquants, la violence de certains groupes extrémistes, certaines zones sont réputées pour leur insécurité. Des régions entières sont carrément interdites d'accès, comme toute la région de Quetta. Pour le voyageur moyen, aucun danger. Pour celui qui aime s'aventurer hors des sentiers battus, prendre les plus grandes précautions. Les villes sont toujours sûres. Les campagnes beaucoup moins.
Plage : Bien fatigués après trois mois de voyage, nous cherchions un endroit sympa pour nous reposer quelques jours. La french connection du Pakistan a encore frappé. Jean-Marie (Ambassade Islamabad) a appelé Philippe (Alliance Française Lahore) qui a appelé Bernard (Alliance Française Karachi) qui nous a prêté son bungalow blanc aux volets bleus. Les pieds dans l'eau, dans un village de pêcheurs situé à une heure de Karachi. En face, la mer, derrière, la mer, à gauche et à droite, la mer. Langoustes, baignades, promenades en barques avec les pêcheurs, couchers de soleil fabuleux. On a eu un peu de mal à repartir. Presse : La presse pakistanaise est relativement libre et étonnamment étoffée. Les principaux journaux sont anglophones (The News, The Dawn, The Nation...). Il existe aussi une pléiade de journaux plus populaires, en ourdou. Le mensuel News Line, en anglais, l'équivalent de nos news-hebdos français, est réputé d'excellente qualité. Fait uniquement par des femmes, il n'a pas son pareil pour dénicher les derniers scandales politico-financiers. Lire la presse lors de son séjour au Pakistan est vraiment une bonne idée : certaines zones sont tendues et les journaux aident un peu à évaluer la situation : « Je pars en urgence ou j'attends encore un peu ? »
Santé : Peu de problèmes pour tous ceux qui auront bien préparé le voyage : vaccinations maximums, pastilles de Micropur dans le sac, matériel stérile à portée de main, moustiquaire ou traitement anti-paludéen. Encore une fois, attention à la nourriture et aux températures qui baissent drastiquement le soir. Un sac de couchage constitue un bon investissement de novembre à février. On en avait acheté deux avant le départ, qui pesaient moins d'un kilo. On ne les a pas emporté. On a eu tort. On a eu plusieurs longues nuits pour s'en rappeler.
Téléphone : Les télécom pakistanais ont décidé de faire un profit maximum sur les appels internationaux (20 francs la minute). On n'a pas d'astuces à vous proposer sur ce coup-là. Si ce n'est de vous faire rappeler le plus vite possible, sans trop culpabiliser : ça coûte bien moins cher dans le sens France-Pakistan.
Vie nocturne : A Quetta et Peshawar, les rues sont désertes dès 20 heures. Il n'y a plus que les policiers, armés jusqu'aux dents, qui vérifient que vous n'êtes pas un dangereux terroriste en goguette. Ailleurs, ça s'arrange, mais il ne faut pas espérer trouver de bars, de discos ou même de distractions culturelles le soir (sauf peut-être à Karachi et Lahore). Que l'ami qui nous a offert le Scrabble de poche avant le départ soit éternellement remercié...
Merci : Merci à Stéphane, pour l'aide au départ vers l'Afghanistan. Rendez-vous à Paris. Merci à toute l'équipe d'Handicap International pour l'accueil à Kandahar et à Quetta. Merci au CICR pour l'aide apportée et le retour en avion sur Peshawar. Merci aux deux pilotes sud-africains pour leur atterrissage en douceur. Merci à Philippe, de l'Alliance Française de Lahore, pour les dîners, les rendez-vous, la visite de nuit du « quartier du Diamant ». Merci à Bernard et Christine de l'Alliance Française de Karachi, pour les cinq jours de plage, le barbecue et l'accueil chaleureux. Merci à Jean-Marie et Patrick, de l'Ambassade de France à Islamabad, pour les services rendus et les propositions de reportages (une autre fois, promis). Merci à Babou Kamichetty, de l'ambassade de France, pour l'excellent dîner et les conseils. Merci aux familles Hakim et Ajmal pour leur accueil. Merci aux frères Peerzada pour l'interview de toute la famille, et plus particulièrement aux jumeaux Saddaan et Faizann pour leur aide. Et merci à tous les Pakistanais qui nous ont aidé. Ils ont été nombreux.

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