Journaliste français
au Pakistan

Jean-Claude Chapon, 48 ans, est le directeur du bureau de l'AFP à Islamabad, où il est arrivé l'été dernier. Comme Christophe de Rocquefeuil en Iran, il est le seul journaliste français basé au Pakistan.
Jean-Claude Chapon,
directeur du bureau de l'AFP à Islamabad

- Comment êtes-vous devenu journaliste ?
- J'ai débuté en faisant des stages à la locale du journal Sud-Ouest à Pau. Après mon bac, je suis entré à l'Ecole supérieure de journalisme de Lille (ESJ), où j'ai d'ailleurs créé la première équipe de rugby ! J'ai ensuite continué mes études de lettres et d'histoire, réalisant notamment un mémoire sur la presse à Pau. J'avais pour cela besoin de consulter le fil de l'agence Havas, conservé à l'AFP. Le secrétaire général de l'époque m'a donné son accord. Une fois mon mémoire terminé, je le lui ai présenté. Il m'a demandé si l'AFP m'intéressait. Et ça m'intéressait !

- Votre parcours à l'AFP avant d'arriver à Islamabad ?
- J'ai un parcours tout à fait classique pour l'AFP. J'y suis donc entré en 1977. Au début des années 80, je suis parti en poste à Bagdad, en Irak. Je suis ensuite rentré à Paris, comme il est de règle à l'AFP. Puis je suis parti comme chef de bureau à Yaoundé, au Cameroun. Après la couverture d'un procès sensible, le gouvernement m'a déclaré personne non grata au Cameroun. J'étais ensuite basé à Libreville, au Gabon. Au total, j'ai passé quatre ans et demi en Afrique, avant de rentrer à nouveau sur Paris. En 1988, je suis parti comme directeur de bureau au Vietnam, pour cinq ans. Je couvrais aussi le Laos et le Cambodge. Je suis rentré à Paris, au desk, en 1993. Je suis enfin arrivé à Islamabad cet été.

- Vous aviez un intérêt particulier pour la zone ?
- C'est le genre de pays que j'aime couvrir. Il faut aller chercher l'information soi-même. Ici, il n'y a pas d'agence de presse crédible et il faut aller à la pêche à l'info. Ce n'est pas très complexe car la presse est respectée : les responsables politiques et même militaires acceptent assez facilement de parler. Le problème n'est donc pas de trouver une source d'information, tant il y en a. Ce qui est moins évident, c'est de trouver la bonne puis de la recouper. L'information circule souvent dans le même cercle. Quand il faut la confirmer, je dois trouver une source en dehors du circuit. Ici, c'est difficile.

- Vous dites que la presse est respectée, mais votre maison est surveillée en permanence par un chowkidar (un garde armé)...
- J'ai trouvé ce chowkidar en arrivant, je l'ai gardé pour une question de sécurité. Tout le monde est gardé ici par des compagnies privées et armées. Il y a parfois de très fortes poussées de violence. Les étrangers n'ont pour le moment jamais été attaqués, mais la violence de ce pays (ndlr : souvent due aux groupuscules extrémistes) commence à atteindre la capitale.

- Vous partez en reportage sur le terrain ?
- Dans tous mes précédents postes, j'y allais souvent. Mais ici, je m'occupe aussi de l'Afghanistan, et il m'a fallu rester sur place pour assurer la coordination des équipes qui allaient sur Kaboul. Je reste beaucoup plus porté sur le reportage de terrain que sur le travail de bureau, mais il faut aussi être efficace ! Pour les élections de février prochain, je compte bien quitter la capitale pour prendre la température du pays. Pour un événement comme celui-ci, il serait par contre improductif que je reste dans mon bureau.

- Votre plus mauvais souvenir ?
- Je n'en ai pas encore.

- Votre meilleur souvenir ?
- J'en ai beaucoup. Cette profession a parfaitement répondu à ce que j'attendais d'elle. Au Pakistan, je dirais que c'est la ville de Peshawar qui m'a le plus plu. J'y ai découvert les Pashtounes (ndlr : l'une des ethnies majoritaires du nord du pays) et le monde hallucinant des zones tribales.

- Vos projets pour la suite ?
- Je compte rester ici plusieurs années. Sinon, j'aimerais aller en Amérique latine.

- Une question difficile pour terminer. Pouvez-vous nous résumer le Pakistan en deux phrases ou en trois adjectifs ?
- Le principal qualificatif qui me vient à l'esprit, c'est « violent ». L'interrogation qui me vient le plus : « Ce pays a t-il une identité ? ». Les dirigeants ont essayé de construire le Pakistan sur une identité religieuse. Ils ont manifestement échoué. Ce pays n'existe qu'en référence à l'ennemi indien.


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