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Thailande | |
Bangkok, le 12 avril 1997
Bangkok ou le cauchemar urbain
| Avec 2,3 millions d'automobiles, plus d'un million de motos et huit millions d'habitants, Bangkok étouffe. Visite guidée de l'une des capitales les plus polluées du monde. |  |
  ous êtes venus à pied ?
Avec cette pollution ?" Les Thailandais se
regardent interloqués. Une longue marche dans Bangkok ?
Il n'y a que des farangs, des étrangers, pour avoir une
idée si saugrenue. La "cité des anges" fait
depuis trop longtemps mentir son surnom. Ici, le ciel
limpide des saisons chaudes est obscurci par de drôles
de nuages grisâtres et jaunâtres. A toute heure du jour
et de la nuit, on surnage dans des nuées de monoxyde de
carbone et de sulfure de plomb. Les huit millions d'habitants qui s'entassent dans la capitale thaïlandaise étouffent. Trop d'automobiles, trop de motos, trop de tuks-tuks (petits taxis triporteurs)... Trop d'usines, trop d'eaux usées déversées directement dans les nombreux canaux de la "Venise de l'Orient", trop de déchets industriels directement dans la nature... Bangkok fait figure d'énorme fourmillière pétaradante et puante. Les habitants s'enquillent des heures et des heures dans les immenses embouteillages qui paralysent sans cesse la ville. "Je ne prévois jamais plus de deux activités sur une seule après-midi. Je passe trop de temps dans les transports. C'est vraiment pénible" témoigne Céline Pham, une expatriée française qui habite Bangkok depuis deux ans. |
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Le réseau des transports en commun, qui pourrait
alléger cette circulation délirante, n'est absolument
pas développé : seuls 11.000 bus circulent à travers
les 150 km2 de la métropole. La construction d'un métro
aérien, souvent évoquée, n'a jamais vraiment débuté,
faute d'impulsion politique. A Bangkok, on navigue sur le
court terme. Pour fluidifier la circulation, les
urbanistes n'ont rien trouvé de mieux que de construire
d'énormes ponts autoroutiers qui viennent doubler les
artères déjà trop encombrées. Les fenêtres des
immeubles d'habitations ouvrent directement sur ces
deux-voies aériennes. Encore un peu plus de pollution...
Pour ceux qui doivent arriver à l'heure, il ne reste que deux solutions : l'hélicoptère privé ou la moto-taxi. Pendant les heures de pointe (de 7h30 à 19h30), hommes d'affaires et femmes en tailleur montent a l'arrière de ces moto-taxi, de la simple mobylette à la moto de course, selon le budget et l'amour du risque ! Les pilotes se faufilent à une vitesse folle entre les files de voitures à l'arrêt : émotion garantie. |
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| Le développement dans le désordre | ||
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Bilan : les salles d'attentes des médecins ORL sont
surpeuplées. Intoxications chroniques, bronchites
chroniques, fatigues régulières, étourdissements,
nausées, troubles de la vue... On ne compte plus les
maux qui affectent les habitants. Mouchoir sur la bouche
ou masque anti-pollution sur la figure, ils naviguent
comme ils peuvent dans d'immenses avenues, percées par
d'énormes chantiers bruyants. C'est que la Thaïlande s'est lancée dans une course effrénée à la croissance, essayant de s'imposer comme une plate-forme économique régionale aux dépens de la Malaisie et de Singapour. La capitale montre l'exemple et récolte donc les fruits, bien amers, de ce développement désordonné : Bangkok concentre la moitié de la production nationale. Ses habitants en paient le prix sans pouvoir broncher, tout baillonnés qu'ils sont par leurs masques anti-pollution. |
Ce compteur de taxi indique qu'il a fallu dix minutes pour parcourir 2,1 km, soit une moyenne de 12,6 km/h ! |
