Journalistes français
en Thaïlande

Hélène Visière, 31 ans, est basée à Bangkok depuis le début de l'année 1994. Incroyablement dynamique, cette jeune femme pige pour de nombreux journaux économiques français. Interview.


 

Hélène Vissière,
Journaliste économique à Bangkok

- Comment êtes-vous devenue journaliste ?
- Originaire de Marseille, je suis entrée au Centre de formation des journalistes (CFJ) après l'Institut d'études politiques de Paris. Je suis sortie en 1990, après une spécialisation en presse écrite.
- Quel a été votre parcours depuis ?
- Je suis d'abord entrée en stage au Figaro, au service société. Ca s'est très mal passé, à cause d'un chef insupportable. J'étais peut-être aussi sortie du CFJ avec un égo supérieur à ce qu'il aurait dû être. Au bout de trois mois, je me suis retrouvée sans boulot. J'ai commencé à piger un peu partout, avant d'apprendre qu'un stage se libérait à l'Agefi, un journal financier très spécialisé.
- Vous aviez un intérêt particulier pour l'économie ?
- Non, au contraire ! (Elle rit) Au départ, c'était sinistre ! J'étais au service "Banques". Au bout de quatre mois, j'étais quasi en dépression nerveuse. J'interviewais des banquiers et je ne comprenais ni les questions que je posais, ni leurs réponses. Le cauchemar ! Au terme de mon stage, l'Agefi a quand même proposé de m'embaucher. J'ai dit oui.
- Pourquoi être restée ?
- L'économie est beaucoup moins rébarbative qu'elle n'y paraît. On peut même faire du magazine. J'ai aussi commencé à voyager pour l'Agefi. J'allais interviewer des banquiers à l'étranger. Ce sont des gens très bien, qui ont une excellente connaissance de l'économie. Loin de leurs sièges, ils me racontaient énormément de choses.
- Comment êtes-vous passée de l'Agefi à Bangkok ?
- J'ai décidé de partir en vacances au Vietnam avec une amie journaliste. C'était mon premier voyage en Asie... On parlait vaguement de travailler à l'étranger. En chemin, nous nous sommes arrêtées à Bangkok, pour voir... On a rencontré deux journalistes qui y étaient déjà basés, avant de rentrer à Paris. Ma copine n'avait plus du tout envie de partir. Moi, cette idée continuait à me trotter dans la tête. Bangkok, toute seule, cela m'effrayait quand même un peu. Au bout d'un an, j'ai finalement réussi à partir, grâce au rédacteur en chef de l'Agefi. Il m'a vraiment encouragée. Début 1994, je me suis installée à Bangkok comme correspondante de l'Agefi. Je conservais mon salaire parisien.
- Aujourd'hui, vous êtes toujours correspondante de l'Agefi ?
- Non. Ils m'ont licensiée au bout de neuf mois, pour cause de restructuration interne. Ils m'ont annoncé ça en pleine nuit, ils avaient oublié le décalage horaire. Sympa ! Je suis rentrée à Paris pour négocier mon licensiement et pour démarcher d'autres journaux.
- Pour qui travaillez-vous désormais ?
- La Tribune, Enjeux, CB News, d'autres journaux spécialisés... Il m'arrive aussi de piger pour Challenge, Capital, l'Expansion... Je travaille parfois pour BFM, une radio économique. Je vais maintenant essayer de me mettre à la télévision. Je gagne ma vie correctement pour Bangkok.
- Comment trouvez-vous vos infos ?
- La presse locale, les journaux régionaux anglophones, les canards spécialisés en économie... On a de la chance : la presse est vraiment bien faite ici. Et puis, il y a énormément de sujets dans toute la région (l'Asie du sud-est). Après trois ans, Jje commence à avoir fait le tour des sujets intemporels. Heureusement, il y a de l'actualité.
- Vous partez souvent en reportage dans les pays voisins ?
- Bangkok est central, ce qui est très pratique. J'essaie en effet de partir en moyenne une fois par mois.
- Vous parlez le thaï ?
- Dans la vie de tous les jours, je peux me débrouiller. Dans le cadre de mon travail, je n'en ai pas besoin. Les gens que je rencontre parlent tous anglais.
- Votre meilleur souvenir ?
- L'interview d'un tycoon chinois à Taïwan. A la fin de l'entretien, il me regarde dans les yeux, m'explique qu'il a eu une petite amie française et qu'il parle notre langue. Et soudain, il me sort "Je t'aime" ! Je suis devenue écarlate. J'ai remballé mes petites affaires rapidement en bafouillant un truc super intelligent du genre "Ah, oui, vous parlez bien français". Les Asiatiques peuvent parfois devenir très entreprenants. Je suis partie vite fait !
- Le pire ?
- Je travaillais encore pour l'Agefi et je devais faire un reportage sur un important conglomérat malaisien. J'envoie mon fax au service de presse. Ils ne répondent pas. Je pars quand même à Kuala Lumpur. Le chef du service de presse m'accorde un entretien. Et là, il me dit froidement : "Je ne connais que le Monde et vous n'aurez pas d'interview"... Là, j'étais vraiment mal.
- Qu'avez vous envie de faire par la suite ?
- Je n'ai aucune envie de repartir en France. Par contre, je pense bouger l'année prochaine. Je ne sais pas encore où je vais m'installer. Une seule chose est sûre : ce sera en Asie du sud-est. Je n'ai absolument pas envie de revenir sur Paris.


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