Journaliste français
en Thaïlande

Thierry Falise a commencé comme journaliste d'agence, à Paris. En 1991, il a décidé de s'installer à Bangkok. Il connaissait bien l'Asie du sud-est pour y avoir effectué de nombreux reportages. Six ans plus tard, il est devenu photojournaliste et travaille notamment pour l'agence photographique Gamma et les magazines L'Express et VSD.

Thierry Falise,
journaliste indépendant basé à Bangkok

- Comment êtes-vous devenu journaliste ?
- Je suis originaire de Charleroi, en Belgique. Au début des années 80, après ma maîtrise de sciences éco, je devais faire mon service militaire. J'ai choisi un service civil. Dans ce cadre, j'ai travaillé pour un journal consacré à l'écologie. Finalement, j'y suis resté trois ans. Je n'étais pas forcément passionné par l'écologie, mais l'expérience était très intéressante au niveau journalistique. J'y faisais tout, du café à la maquette... Quand je suis parti, j'étais sûr de vouloir faire du journalisme et j'ai finalement intégré l'Ecole supérieure de journalisme de Lille (ESJ). (Il réfléchit) Ah, oui, j'oubliais... En 1984, avant de rentrer à l'ESJ, les impôts belges m'ont remboursé de l'argent. Si, si, ça arrive... Je me suis demandé ce que j'allais en faire. Finalement, je suis parti quelques semaines à Beyrouth pour y faire des piges avec un copain (ndlr : en pleine guerre à ce moment). Après ça, j'étais vraiment sûr de vouloir être journaliste.

- Votre parcours depuis votre sortie de l'école de journalisme de Lille ?
- A Lille, j'ai choisi la spécialisation Agence. Pour la petite histoire, l'AFP était à ce moment en pleine grève. Mon stage n'a pas abouti et je me suis finalement débrouillé pour être pris au service francophone d'Associated Press. J'y suis resté cinq ans. Pendant tout ce temps, j'ai cumulé mes vacances pour pouvoir partir faire des reportages en Asie du sud-est. J'étais tombé amoureux de cette région lors de mon premier reportage, qui portait sur la guérilla karen en Birmanie. Je suis revenu régulièrement dans la région. Au bout de quelques années, j'y passais jusqu'à trois ou quatre mois par an. Je faisais de plus en plus de reportages : par exemple les camps de réfugiés au Cambodge, les brigades d'extrême droite aux Philippines et puis beaucoup de choses sur le Triangle d'Or ou les guérillas karens... Chaque fois que je rentrais à Paris, je me sentais de plus en plus déprimé. Finalement, j'ai pris la décision de partir m'y installer en 1991. J'ai choisi Bangkok parce que cela me permettait de rayonner sur toute la zone.

- Pour qui travaillez-vous ?
- Au début, j'ai fait l'erreur classique de vouloir travailler pour tout le monde. J'avais fait le tour des rédactions avant de partir, en privilégiant la quantité. Depuis, je me suis rendu compte que certains journaux étaient plus ou moins sérieux. J'ai fait le tri et j'essaie maintenant de me concentrer sur de gros sujets. Je travaille aujourd'hui essentiellement pour Gamma, L'Express et VSD. J'ai aussi un réseau de magazines étrangers. Je fais très peu d'actu chaude. S'il se passe quelque chose d'important, évidemment, je le traite. Mais la Thaïlande intéresse assez peu la France. Je fais surtout du magazine, des sujets plus intemporels. Je travaille la plupart du temps seul. Je fournis photos et texte.

- Vous parliez d'un tournage ?
- Oui, je fais aussi un peu de télé. Je viens de finir un sujet pour une chaîne câblée avec un ami cameraman. On fera le montage à Paris en mai-juin. Je travaille aussi pour Radio-Canada.

- Vous partez souvent en reportages ?
- Pas assez à mon goût !! Disons que je pars tous les deux mois en moyenne. Je pars moins qu'avant car je suis plus sélectif. Et puis je prépare aussi des sujets sur la Thaïlande. Ce sont des sujets de long terme. Il faut habiter sur place pour pouvoir les réaliser.

- Votre meilleur souvenir ?
- Mon premier reportage au Liban.

- Votre plus mauvais souvenir ?
- En 1989, je suis parti aux Philippines pour un reportage sur la guérilla communiste. Pendant que je m'y trouvais, il y a eu un coup d'Etat contre Cori Aquino. Et j'étais bloqué dans une île du sud du pays !! Toutes les communications étaient coupées. Impossible de revenir sur Manille. Les rédactions auxquelles j'avais laissé mes coordonnées essayaient toutes de me joindre, évidemment. C'était très frustrant. Deuxième mauvais souvenir : les émeutes de 1992 à Bangkok. Je prenais les photos d'un commissariat en feu quand une voiture a explosé. J'ai failli perdre ma jambe et j'ai dû rester sept semaines d'hôpital.

- Vos projets pour la suite ?
- Rester ici.

- Toute votre vie ?
- Pourquoi pas ?


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