Trucs et Turcs

Turquie - Le 30 septembre 1996


A quelques jours de leur départ pour l'Iran, les deux reporters vous livrent maintenant tous les trucs qu'ils ont découvert après quarante jours passés en Turquie. Mieux qu'un guide, une suite d'avis partiaux sur le pays. Nous quittons maintenant la casquette du journalisme objectif, pour celle des Français en voyage, égaux à eux-mêmes...

Argent : Nul besoin d'emporter une montagne de traveller's cheques ou un pécule en dollar. Les grandes villes de Turquie sont fort bien pourvues en distributeurs de livres turques, qui acceptent les cartes bleues internationales. Nous n'avons eu aucun problème, même à Diyarbakir, où nous avons trouvé un distributeur (il n'y en a qu'un, mais il est facile à trouver). Les commerçants prennent pour la plupart les cartes de crédit. Du fait d'une inflation galopante, il est conseillé d'attendre d'être dans le pays pour effectuer les opérations de change ou de retrait. Un bureau de change est ouvert 24 heures sur 24 à l'aéroport.

Ayran : Un yaourt liquide délicieux, qui fournit la ration de calcium nécessaire à la petite santé des voyageurs. Il ne coûte que quelques francs français. Les Turcs y ajoutent du sel, nous on le préfère nature.

Avion : Avis aux détenteurs de la carte de presse, les vols intérieurs sont en solde pour tout journaliste. Cinquante pour cent de réduction sur tous les vols. Istanbul-Ankara nous a coûté 200 FF par personne. A peine plus cher que le bus.

Bonnes surprises : Elles furent nombreuses. Dans un bus, perdu dans la campagne du sud-est, un chauffeur a refusé de nous faire payer. « Vous êtes mes invités ». Si seulement les chauffeurs de la RATP avaient de tels mouvements d'humeur... Dans un bidonville de Diyarbakir, où la nourriture est si difficile à trouver, une femme nous a mis d'office dans notre sac (sur l'appareil numérique qui a tenu le choc) un pain brûlant qu'elle venait de faire cuire.

Café : Avis à ceux qui n'aiment pas attendre trois heures que le marc retombe au fond de la tasse : préférer le nescafé au café turc. Matthieu, les dents toutes noires et une drôle de grimace sur le visage, l'a testé pour vous.

Centres commerciaux : Inutile d'emmener une pelle pliante, une photocopieuse, un fax ou une provision de papier toilette. Tout peut s'acheter en Turquie, soit dans les échoppes de rues, soit dans de luxueux centres commerciaux, où les produits cosmétiques français sont même moins chers que chez nous, du fait d'un taux de change avantageux.

Cigarettes : Ne faites pas comme nous, et ne vous précipitez pas sur les cartouches en Duty-free. Les cigarettes sont bien moins chères en Turquie (5FF le paquet de Marlboro lights).

Circulation : A Ankara et Istanbul, inutile d'essayer de jouer au Zorro de la route ou de vouloir faire valoir vos droits de piétons. Ici, l'automobile, le bus et le camion sont rois. Les piétons n'ont qu'à se pousser quand le véhicule se dirige droit sur lui, roulant à tombeau ouvert. Les conducteurs sont sympas, ils klaxonnent avant de manquer de vous renverser. Guylaine a testé pour vous le vol plané au milieu d'une avenue... A déconseiller à ceux qui n'ont pas de chance.

Croisière : Nous n'avons pas eu le temps de tester pour vous et nous le regrettons. Croisière sur le Bosphore, croisière en Mer Egée, la Turquie regorge d'occasions de rêve.

Electricité : La même que chez nous. Pareil pour les prises.

Frites : Les gros morceaux de patates brunies et réchauffées sont bien des frites. Matthieu vote pour, Guylaine contre. Aux puristes de la blonde craquante, il reste les fast-foods, qui sont nombreux à Ankara et Istanbul. Nous ne nous y sommes réfugiés qu'une seule fois, un soir de faiblesse.

Habillement : Nos pataugas et nos pantalons de brousse étaient peut-être un peu trop "Camel Trophy" pour la Turquie des villes. Si vous souhaitez passer quelques jours à Istanbul ou Ankara, préférez la mini-jupe et le tee-shirt "Love Power", le jean ou les mocassins. Vous passerez plus inaperçus que nous, et vous sentirez certainement plus à l'aise dans les restaurants...

Hospitalité : Ce n'est pas un vain mot en Turquie. Bien sûr, dans les quartiers les plus touristiques, vous n'échapperez pas aux raseurs. Mais en s'en éloignant, on s'aperçoit que les Turcs sont des êtres plus que charmants. Impossible de leur offrir une cigarette, ils vous mettent de force dans la bouche l'une des leur. Impossible de payer le restaurant avec des amis, ils soudoient le garçon et lui expliquent que vos billets sont des faux. Impossible de quitter Sebla et Didem, nos amies qui nous avaient déjà hébergé une grande semaine, elles se sont vexées. Nous avons dû rester trois semaines, la totalité de notre séjour à Istanbul...

Hôtels : Ils sont pléthore. Il faut quand même compter une centaine de francs au minimum dans les grandes villes. A Diyarbakir, les prix se sont réduits considérablement.

Internet : Pour ceux qui ne peuvent pas partir sans rester branchés, Istanbul a ouvert un Internet café voilà deux mois. Pour trente francs de l'heure, les cieux cybernétiques sont à vous (Nispetiye caddesi - Etiler- http://www.icafe.com.tr). Si vous emmenez, comme nous, le portable, il reste la bidouille avec les prises de téléphone.

Meilleure saison : Septembre fut magnifique, un peu frisquet peut-être sur la fin. Matthieu a fait le premier sa grosse grippe à Istanbul, Guylaine a attendu Ankara. Un ou deux pulls ne sont pas de trop, une veste non plus, en particulier sur le plateau anatolien.

Mauvaises surprises : Elles ont été très rares, tant les Turcs ont été adorables. En taxi, toujours demander que le taximètre soit branché, au risque de se voir demander un prix astronomique en fin de course. Matthieu s'est vertement engueulé avec un chauffeur à Istanbul, Guylaine n'en menait pas large sur le siège arrière. Ne pas sombrer dans la parano, cela ne nous est arrivé qu'une seule fois.

Moules : Bonne ou mauvaise surprise, nous hésitons toujours. Des amis nous ont emmené sur les rives du Bosphore, très heureux de nous faire découvrir les moules farcies, vendues à la pièce. Un homme installe sur son trépied un panier de moules, et vous tend une ou une de grosses moules remplies de riz épicé, mélangé à la moule. Vous mangez tant que vous pouvez. Le record : 130 moules. Nous nous sommes arrêtés à la sixième.

Nourritures terrestres : Neuf fois sur dix, nous avons mangé les sacro-saints döners, des lamelles de viande grillées, servies sur un lit de pain ou de riz. Pour varier notre alimentation, nous nous sommes essayé aux Gözlemes (des crêpes farcies de fromage ou de viande), aux Mantis (des sortes de raviolis servies avec du yaourt et de la menthe), aux brochettes (cuites au feu de bois), aux Pides (sorte de pizzas turques)... Nos estomacs ont bien tenus le choc. Mis à part l'eau, on a tout tenté : la salade, les fruits épluchés, les tomates. Un détail : nous sommes vaccinés contre l'hépathite A, ce qui ne nous empêche pas d'être quand même prudents.

Petit déjeuner : Si vous n'aimez pas la soupe, évitez d'aller au restaurant pour le prendre. Certains hôtels servent des petits déjs continentaux. D'autres non. Dans ce cas, nous achetons un Ayran et un petit pain aux nombreux vendeurs de rue.

Précautions : Le sud-est de la Turquie est réellement devenu peu sûr, à la fois pour ses habitants et pour les touristes. Combien de fois avons-nous entendu les mêmes avertissements : « Si vous y allez, cantonnez-vous aux grandes villes, restez en leur centre et ne voyagez jamais de nuit ». Prévenir son ambassade ne semble pas non plus une vaine précaution, certains touristes ayant déjà goûté aux joies du trekking dans la montagne, contre leur volonté.

Presse : Certains kiosques vendent la presse française, mais ils sont rares. Plus souvent, vous trouverez le "Turkish Daily News", le seul journal turc en anglais. Le Time et Newsweek se trouvent assez facilement. Pour les magazines et les journaux français, se rendre au consulat et à l'ambassade de France. Nous y avons appris avec tristesse dans Voici que Stéphanie était devenue "une princesse trahie".

Téléphone : On peut acheter les jetons dans des échoppes de rue ou aux PTT, même chose pour les cartes. Le système est de bonne qualité, les cabines nombreuses. Evitez les officines privées pour les appels internationaux, qui y sont hors de prix.

Vie nocturne : Elle est riche, bonne et joyeuse. Nous l'avons testé par souci professionnel, et pouvons aujourd'hui vous la recommander. A Istanbul, l'un des quartiers les plus sympas s'appelle "Ortakoy". La jeunesse stambouliote s'y presse le soir, sur les bords du Bosphore, à côté d'une petite mosquée illuminée. On peut y jouer aux cartes ou passer la nuit dans des discothèques à ciel ouvert, donnant sur une piscine, puis sur le Bosphore. Un cocktail a éviter si l'on veut prendre la route ensuite : "Sex on the beach" est son nom. Il a été inventé dans les bars d'Istanbul et sa couleur orange acidulée ne doit pas vous tromper : ce coktail est un tueur.


Merci


Premières sur notre liste, Sebla et Didem, qui nous ont accueilli trois semaines durant dans leur magnifique appartement, donnant sur le pont qui mène au continent asiatique. Pardon Sebla, pour les nuits sur le canapé.
Merci à Mustapha, Nesrin, Mahmut, Yusuf, Muzaffer, Banu, Demokan, Polat, et tous les autres, pour leurs traductions, le temps passé avec nous, les soirées à discuter, les renseignements donnés et la peine prise pour nous rendre le séjour agréable.
Merci à Gautier, notre ingénieur préféré, qui a passé des nuits pour que nous puissions enfin nous connecter au réseau turc.
Merci à Elisa, notre journaliste préférée, qui croule sous une avalanche de photos et leurs légendes, dans le désordre.
Merci à Christian, notre diplomate préféré, qui a obtenu notre visa pour le Pakistan, à J-1.
Merci à François Barthélémy, Geneviève Debard, Robert Perseil, Christophe de Rocquefeuil, Jean-Jacques Cazaux, Chris Kutschera, Mlle Tatlinar, Marie-Hélène Ichtertz, Etienne et Karine Jacquemard pour leur temps, leurs conseils et leur soutien.
Merci aux familles Colin, Idoux, Brabant, Grivel, Griffaton et Bassinot, pour un départ en gare de Nancy qui a été inoubliable. Merci à Véro, Marie, Zaki, Caro et Richard pour une grande nuit blanche d'avant départ.
Merci à nos parents, pour ne pas trop nous avoir montré qu'ils s'inquiétent et pour leur soutien.
Merci enfin à tous nos membres, à nos parrains et à tous nos partenaires, techniques et financiers, sans qui ce voyage n'aurait pas été.


Enfin, toutes nos pensées vont à Sébastien, « Le fil n'est pas coupé. La mort n'est rien, tu es seulement passé dans la pièce d'à côté. Ce que tu étais pour nous, tu l'es toujours. »


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